INFORMATIQUE et tlmatique
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de l'Informatique
03-Mar-2003 dernire mise jour
17 avril 2009
Cette note est un travail prparatoire
destin recevoir avis et commentaires pour une contribution l'histoire de
l'informatique et des tlcommunications en France.
Je continue de m'tonner de l'absence de synergie qui a rgn entre la compagnie Bull,
nationalise de 1982 1995, et l'oprateur de tlphone national que l'Etat avait
choisi de lui donner comme principal actionnaire. Peut-tre la discussion des points de
contact entre informatique et tlmatique pourra claircir ce qui reste encore mes
yeux trs obscur.
Introduction Alors que la plupart des acteurs techniques de l'informatique et des tlcommunications des annes 1960-1970 ne sont plus maintenant en activit et sont pour la plupart dgags du devoir de rserve, il semble possible de commencer explorer l'histoire des interactions entre ces deux branches d'industrie, leurs similitudes et leurs diffrences et les causes profondes des incomprhensions et divergences qui ont rgn entre elles. On ne cherchera pas ici descendre au niveau des responsabilits personnelles d'individus responsables, ni tout expliquer par des considrations sociologiques ou politiques. Technologiquement, les deux branches d'activit se rapprochent par une technologie commune qui est devenue partir de la fin des annes 1960 base dans les deux branches sur l'lectronique 90% digitale et sur la part de plus en plus grandissante du logiciel. D'ailleurs tant aux tats-Unis (AT&T, Bell Labs) qu'en France (CNET) ou au Japon (NTT), les laboratoires de tlcommunications ont dvelopp des ordinateurs, soit tous seuls, soit en liaison avec l'industrie (Japon). La particularit de ce qu'on appelle
aujourd'hui les oprateurs de tlcommunications est qu'ils sont soit des compagnies de cration rcente
(la fin des annes 1980) ou bien les hritiers des monopoles (qu'ils soient
d'anciennes administrations d'tat ou des compagnies qui l'tat a concd un
monopole). En consquence la notion de service public est reste trangre aux cadres et aux ingnieurs de l'industrie informatique alors qu'elle a imbib la culture des socits de tlcommunications par leur souci de prcautions quant la continuit de service et d'un encadrement de la demande. On devrait rapprocher les motivations d'un cadre chez les oprateurs de celles habitant les autres services de transport (la poste bien sr, le transport d'nergie, les trains ou les responsables des routes). Priorit tait donne au respect des engagements pris sous rserve d' actes de Dieu, pour prendre la terminologie anglo-saxonne, tels qu'inondation, catastrophe nuclaire ou grve... Ce service public tait rempli un cot qui tait essentiellement associ aux dotations budgtaires et vendu un prix qui relevait d'un certain arbitraire rendu au niveau de l'tat et du parlement. Contrairement la plupart des autres services publics o le cot rside autant sinon plus dans celui de la production (gaz, lectricit non nuclaire, chemins de fer), le cot marginal de transport d'informations (voix ou donnes) est voisin de zro dans la mesure o il n'existe pas d'engagement du producteur de service pour satisfaire une demande risquant d'excder les capacits prsentes. La Poste, elle pourtant voisine bien des gards, a un cot marginal significatif. La dotation budgtaire du monopole Tlcom est donc largement consacre aux investissements. Ceux-ci avaient t longtemps maintenus un niveau trs bas jusqu' la prise de conscience du sous-dveloppement tlphonique franais. Les utilisateurs de l'informatique dcouvrirent l'utilit de la tlmatique dans les annes 1960 et pressrent leurs constructeurs de leur apporter des solutions. L'attitude de ces derniers a t, et est peut tre encore aujourd'hui, d'exploiter au mieux l'existant fourni par les oprateurs. Essayer de dcouvrir par exemple des modems haute vitesse comme le faisait le laboratoire de IBM de La Gaude tait marcher dans le pr rserv des PTT et de leurs fournisseurs attitrs et ne dpassa gure le statut exprimental. En se contentant d'utiliser l'offre de tuyaux existants (TELEX, lignes loues tlphoniques, rseau tlphonique commut), les informaticiens tenaient le monopole pour un fait accompli, le prix relatif des liaisons galement avec lesquels on essayait de jongler par des solutions techniques propres et des combinaisons de toutes les solutions. J'aimerais dcrire titre d'exemple une situation
vcue Honeywell-Bull en 1972. La compagnie disposait d'une ligne loue tlphonique
transatlantique offrant une bande passante de 2400 bauds en numrique, entre
Paris-Gambetta et Boston-Wellesley. Elle tait utilise de 13:00Z au lendemain matin
pour des transmissions vocales entre le central priv de Gambetta et les centraux
amricains (PABX) de Boston, Minneapolis et Phoenix. A partir de 19:00Z, cette liaison pouvait
tre ouverte depuis des postes privs de la rgion parisienne, dment attitrs, qui
en appelant un numro local parisien entraient en rapport avec l'oprateur amricain de
Minneapolis, puis de Phoenix et ce jusqu' la fermeture des postes
amricains vers 06:00Z. A
partir de ce moment la ligne tait partage au moyen un multiplexeur FDM priv situ Gambetta
communiquant avec un FDM identique Boston-Billerica entre six tlimprimeurs
Teletype 37 avec modem asynchrone vers des modems quivalents connects un systme
MULTICS 645. Ce systme MULTICS tait galement utilis par une douzaine de terminaux
Boston dont seuls un ou deux taient dj utiliss la nuit aux USA. Cette liaison nous
permettait de constituer des fichiers programmes de lancer des essais de compilation et de
savoir si cela s'tait bien pass ainsi que de poster des email avec nos collgues
outre-Atlantique. Comme nous n'avions pas de moyens pour obtenir les rsultats (des
paquets de cartes perfores) par tlphone, la solution de dpcher un porteur
l'avion (partant de Boston 02:00Z le lendemain et arrivant Paris vers 08:00Z) avait
t retenue. Cette situation dura environ 6 mois, l'issue de laquelle un autre
systme MULTICS fut installe Paris et la synchronisation se fit par change de
bandes magntiques (elles aussi transportes par avion). On voit nettement sur cet exemple que les constructeurs n'ont pas attendu que l'administration leur fournisse un rseau pour dvelopper avec les moyens disponibles une solution ad-hoc. Certains clients se plaignirent auprs de l'administration des cots induits par des rglements et/ou une tarification qui rendaient les solutions plus coteuses ou moins performantes que les solutions disponibles dans certains pays trangers et de l'immense difficult que posaient jusqu'aux annes 1980 les liaisons transnationales. Il faut noter que les administrations europennes, contrairement aux tats-Unis, dcidrent de se contenter d'agrer les modems et non de les imposer ainsi que les quipements terminaux comme c'tait le cas pour le rseau TELEX ou la totalit des transmissions de donnes aux tats-Unis l'exception des liaisons se droulant sur un terrain priv et celles utilises par les services de la Dfense. C'est donc au dbut des annes 1960 que l'on peut faire remonter la privatisation d'une partie du service public de tlcommunications. Les compagnies d'informatique se satisfaisaient de ce statut, installant chez chaque client intress par les applications de tlcommunications le matriel ncessaire n'hsitant pas livrer des lments sur mesure bass sur le service chaque client. L'utilisation du rseau commut RTC pour les applications informatiques tait pnalis par des dbits limits initialement 300 bauds puis longtemps 600/1200 bauds qui convenaient aux terminaux de genre Teletype. Par ailleurs les temps d'tablissement des communications en RTC taient importants et n'en permettaient gure l'utilisation pour des interactions courtes. La numrotation directe par l'ordinateur sur RTC tait disponible mais son utilisation tait regarde avec suspicion par l'administration, redoutant les usages abusifs (dj le spamming !). Cependant le protocole X21 de commutation rapide de circuits labor sous la pression des administrations scandinaves n'atteignit pas la disponibilit oprationnelle en France. Transpac Un premier tournant s'tablit en France
avec le rseau TRANSPAC. Le rseau TRANSPAC se basait sur la commutation
temporelle de paquets (selon un protocole expriment sur Arpanet et Cyclades -ce dernier l'IRIA-). Il
utilisait le protocole ligne HDLC approuv au CCITT qui s'inspirait beaucoup du
standard SDLC prconis par IBM dans SNA. La proposition de TRANSPAC faite par la DGT
fut reue sans enthousiasme par les constructeurs informatiques mais beaucoup plus
favorablement par des clients qui n'avaient pas encore mis en service un rseau priv
(notamment les administrations publiques). Une controverse bien connue opposa, propos du rseau TRANSPAC, les partisans d'un service rseau de bout en bout la manire du rseau TELEX (rseau base de circuits virtuels, o la commutation de paquets est invisible aux quipements terminaux) et les partisans d'un transport de datagrammes o le rle de l'administration tait limit un simple rseau de tuyaux rendant un service de simple transporteur. Il me semble qu'au dessus des problmes d'optimisation du service des applications deux approches politico-philosophiques sur le rle de la DGT s'affrontaient dans ce dbat. Une conception visait limiter l'administration un rle d'entretien du rseau routier et la cration d'autoroutes, en lui fermant la porte de services nouveaux l'utilisateur. L'autre conception visait tablir un nouveau rseau (se substituant au rseau TELEX) et destin tablir un service public de transmission de donnes o l'administration pourrait "dmocratiser" l'usage de la tlmatique au del des utilisateurs suffisamment riches pour s'offrir le lments d'un rseau. Une filiale indpendante de la DGT, fut cre pour la maintenance et l'exploitation du rseau TRANSPAC. Une logique d'offre et de demande intervint sur le march des transmissions de donnes, dont la transparence n'tait pas totale puisque les redevances des lignes loues et du rseau TRANSPAC tait administres. Le rseau X.25 n'tait pas exclusivement consacr aux liaisons inter-ordinateurs, mais aurait d donner naissance des terminaux cette interface. En pratique, le succs de Transpac ne fut d qu' la fourniture et l'utilisation de concentrateurs PAD qui multiplexaient les terminaux existants (d'abord et essentiellement tlimprimeurs et crans mulant les tlimprimeurs), puis les terminaux aux protocoles VIP et BSC sur un tuyau X-25. Les tarifs des liaisons loues ET de l'utilisation longue distance du rseau tlphonique commut assurrent le succs de TRANSPAC bien aprs les annes 1990. Mais d'un service public de communication assurant la livraison de messages de bout en bout, on n'avait tir qu'un nouveau service de commutation de tuyaux par paquets. Il ne semble pas que les administrations trangres ayant ralis un rseau X.25 aient abouti un rsultat sensiblement diffrent des solutions franaises. On a vu qu'IBM avait sans attendre la fourniture d'un
rseau public avait dvelopp les principes de rseaux privs SNA qui reliaient
terminaux, mini-ordinateurs et ordinateurs centraux des clients. La publication externe
des standards SNA avait galement l'objectif d'assurer l'intrieur de IBM, dans
les diffrents laboratoires de dveloppement, la discipline ncessaire un
support relativement rapide et bon march des divers types de terminaux rclams par
les clients et d'assurer l'interconnectabilit des divers systmes d'exploitations
hritages historiques de l'introduction difficile de la srie 360. SNA-DSA SNA effrayait bien entendu les concurrents d'IBM
partags entre l'envie de relever le dfi et de proposer "leur" alternative
SNA aussi ferme que ce dernier, et la tentation de contester le modle en dveloppant
leur alternative autour d'un rseau de transport de donnes plus indpendants des
systmes centraux considrs comme de simples fournisseurs de service (bases de
donnes, moteurs de calculs...). C'est ce second modle alternatif que CII
s'effora de
dvelopper avec son projet NNA. Ce projet avait pris en compte l'exprience de Transpac
et de Cyclades. Il n'avait pas encore t dploy au moment de l'absorption de CII par
Honeywell-Bull. La culture des quipes de Honeywell, de Bull et des anciens de General
Electric tait plus incline dvelopper une alternative IBM qu' s'infiltrer
dans le moule IBM. Aussi, le projet NNA de rseau de transmission de donnes fut adopt
en principe par le nouveau groupe Honeywell-CII-HB sous le nom de DSA Distributed System
Architecture. Un rseau DSA pur aurait d respecter la rigueur de
l'architecture en couches OSI, alors en cours de dfinition avec l'active participation
de CII-HB et de Honeywell. Dans ce contexte, l'interface frontal-central aurait d se
faire en offrant des ports au niveau "session" ne laissant au central que la
"prsentation" et bien entendu l'application. Les premires impurets
intervinrent dans la connexion au rseau de mini-ordinateurs agissant simultanment en
concentrateur de rseau et de prsentation distribue voire de transactionnel
distribu. Le cot des processeurs en 1980 entrana de les connecter directement au
rseau sous le systme d'exploitation GCOS6 compltement diffrent du NPS (le logiciel du
processeur frontal). La seconde impuret vint de la dcision de supporter les rseaux
pr-DSA sans altration du logiciel GCOS sur les grands systmes DPS-8. Si GCOS7
dvelopp Paris fut un peu plus orthodoxe, la coexistence avec le frontal prcdent
(URC/MLA) et la connexion de logiciels serveurs transactionnels ne collait pas avec le principe de
l'ouverture de session chaque transaction. A la fin des annes 1970, il rgnait en
France une certaine paranoa sur les consquences de la suprmatie
amricaine dans les technologies informatiques et de tlcommunications et
le succs de la srie 360 et de ses clones tait vu comme le ferment destructeur de la langue franaise et de notre
culture. Un rival potentiel d'IBM -le groupe AT&T- tait vu avec moins d'antipathie
mais apparaissait aussi menaant sur le long terme. L'atmosphre de l'poque se
retrouve dans le rapport Nora-Minc qui recommandait une intervention publique pour, non
seulement assurer la survie de CII-HB, mais aussi faire barrage la suprmatie de IBM en
tablissant des services publics de tlmatique. Minitel Il me semble que les relations technico-politiques
entre CII-HB et la DGT ont t quelque peu distantes la fin des annes 1970, au
moment o la DGT prparait son plan Tltel qui consistait valoriser la
distribution de l'annuaire tlphonique avec des services tlmatiques valeur
ajoute comme l'accs (payant) d'autres bases de donnes comme les horaires SNCF ou
les cours de bourse. Ce plan tait purement applicable la France et la participation
de CII-HB puis du groupe Bull au rseau connu sous le nom de Minitel fut gr dans le
contexte d'un systme spcial au sein du rseau commercial France. Le choix du Mini-6 comme
base principale des serveurs du rseau Minitel donnait Bull un march
incontestable. L'offre de
fabrication des terminaux domestiques fut dcline par Bull, les usines ne pouvant
passer efficacement au rythme et au prix demand par la DGT. |
Plan IPT Un autre plan de services tlmatiques naquit en dehors de la DGT sous l'impulsion du gouvernement dans la premire moiti des annes 1980, c'est le plan "Informatique pour Tous" visant installer l'informatique dans les lyces et collges. A l'tranger -Canada, Scandinavie, certains tats amricains-, cette introduction se faisait progressivement utilisant des ordinateurs Apple II ou Commodore parfois connects de s rseaux universitaires ou des BBS. le plan "informatique pour tous" fut initialement envisag avec des Apple Macintosh de la nouvelle gnration avec la mme philosophie. Le Mac avait contre lui d'tre cher et la volont politique de faire un plan d'quipement identique pour toute la France fut de faire au niveau de chaque tablissement un nanorseau avec des compatibles PC (Micral ou Goupil) comme serveurs et des machines Thomson 8-bits comme clients. Ce plan fut dploy avant de savoir quel contenu serait install. Au total, ce fut un fiasco qui discrdita l'informatique auprs d'enseignants gure enclins la technologie, ce qui dtruisit une des chances de modernisation de l'enseignement, non seulement en France mais en Francophonie. Il ne semble pas que la DGT ait eu une part quelconque dans ce plan de services spcialiss de tlmatique. Quant aux constructeurs leur participation se limita une action commerciale pour obtenir la part la plus grande possible de cette dotation budgtaire. Open Systems A cette mme poque (1983-1985), la direction de Bull
SA (nationalise et ayant regroup presque toutes les ressources de l'informatique
franaise) s'avisa que DSA n'tait vue par le march et le rseau commercial Bull que comme une
simple rponse SNA de IBM, et que la rponse la domination amricaine ne pouvait
venir que d'une politique volontariste l'chelon europen, qui imposerait une batterie de
standards ce qui obligerait IBM (et ses clients?) passer sous les fourches caudines de
standards obligatoires (UNIX au niveau des systmes d'exploitation) et la pile OSI au
niveau des rseaux, ces standards devant relguer aux oubliettes de l'histoire SNA ,
OS/MVS et autres PC-DOS. La ralisation de la pile OSI ne devait pas entraner
de changements importants de matriel. Le Mini-6 du dbut tait remplac comme Frontal
par un MainWay base de microprocesseurs 68000 mais le logiciel avait fait l'objet d'un
portage. Les dveloppements des logiciels OSI avaient entrepris dans le cadre d'un projet
command par France Tlcoms et l'EDF qui avait auparavant choisi de dvelopper ses
protocoles Retina pour ne pas choisir entre SNA et DSA et qui
maintenant s'alignait sur OSI.
L'autre fait dcisif fut le dveloppement de
l'ordinateur
personnel autour de l'architecture IBM PC qui dplaa la discussion sur les terminaux et
les rseaux locaux. Lors de la conversion de Microsoft Internet fin 1995, la partie
tait joue et les constructeurs ni IBM, ni fortiori Bull ne pouvait plus que
constater l'existence d'un standard de facto. Il semble que certains architectes du milieu
tlcoms persistaient esprer que Internet garderait un caractre exprimental et
que le besoin du multimdia (son et images animes) imposerait de nouveaux standards aux
autoroutes de l'information. L' approche en gnrations successives de rseaux et
de la fragmentation de l'offre tait en opposition de phase avec la plupart des clients et
avec l'industrie informatique qui privilgiait une utilisation des tuyaux disponibles
pour faire passer, fut-ce au chausse-pied, les informations ncessaires. Des inventions
telles que l'utilisation des algorithmes de compression, la stratgie de transmission
avec risque de perte de paquets (UDP/IP) rpondirent plus ou moins bien aux besoins
sans attendre la disponibilit des nouveaux rseaux. Internet Le rseau Internet, tel qu'il s'est impos, est fond sur des axes principaux reliant les principaux FAI (fournisseurs d'accs Internet) par des liaisons loues (directement aux oprateurs ou par l'intermdiaire de grossistes qui les louent aux oprateurs rels). Il est connect aux utilisateurs soit par des rseaux locaux (LAN) privs soit par des liaisons du rseau public. Dans ces dernires liaisons, le rseau tlphonique commut (RTC) assurait par l'intermdiaire de modems l'essentiel du trafic tant que l'ADSL ne rendit la connectivit Internet quasi-permanente pour de plus en plus d'utilisateurs. Cependant, on ne doit pas sous-estimer l'impact du standard PPP qui permet plusieurs liaisons Internet de coexister sur la mme liaison, de manire quasi invisible l'oprateur tlphonique, sparant dfinitivement le concept de circuit virtuel vu par le tlphoniste de son image pour l'informaticien. Fax La transmission des images sur des lignes de
tlcommunication est antrieure l'arrive de l'ordinateur. Les PTT, dans le cadre
du CCITT, peut-tre pousss par les Japonais qui ne disposaient pas encore de
wodpuro,
normalisrent plusieurs standards dont le groupe 3 de transmission sur le rseau
tlphonique commut s'imposa au dbut des annes 1980. Le prix des machines fax
devint la porte des petites entreprises et de certains individus, ports par les
marchs asiatiques. Le fax fut ainsi roi pendant la priode 1985-1995 sans que les oprateurs y aient beaucoup pris garde. Ce n'est qu'avec le dveloppement d'Internet et la gnralisation de micro-ordinateurs individuels que cette vogue a commenc une dcroissance. En particulier le fax sur rseau intgration de service (ISDN) -groupe 4-fut globalement un chec. Rseau Numrique Intgration de Services (RNIS) A l'aube des annes 1990, le RNIS (en anglais ISDN)
semblait promis un brillant avenir. Aussi bien les oprateurs historiques que
Microsoft y voyait un moyen de faire parvenir la tlmatique au domicile des
particuliers en leur offrant une liaison 64 Kbps sans occuper leur liaison
vocale. Impact de l'infogrance Depuis la fin des annes 1980, de plus en plus de
socits ayant dvelopp leurs propres systmes d'information et souvent leur propre
rseau cherchent rduire leurs cots en externalisant leur dpartement
informatique. Mme des groupements mutualiss comme le centre de rservations des
compagnies ariennes SABRE se fait absorber par la socit d'infogrance EDS. IBM
constructeur cde progressivement la place IBM Global Services. L'ide des annes
1970, l'apoge des rseaux de "time-sharing" de distribution de
puissance informatique par l'intermdiaire du rseau est en train de r merger par le
biais d'un oligopole de gros fournisseurs ayant une couverture mondiale et desservent par
un mme rseau protiforme postes de travail et ordinateurs personnels. Cette
concentration de l'informatique oprationnelle se retrouve dans celle des serveurs
d'informations o l'hbergement mutualis devient la rgle et qui ont probablement
vocation tre regroups dans les mmes installations que l'informatique
traditionnelle. Rseaux de Tlvision On ne saurait tre complet sans voquer un problme
qui n'a pour le moment gure concern les informaticiens, c'est celui de la diffusion de
la tlvision. A l'aube des annes 1980, un rseau de diffusion hertzienne couvrant
une portion de bande VHF (traditionnellement attribue la tlvision dans tous les
pays) diffusait des programmes dans le cadre du monopole de l'ORTF. Il tait pour
l'essentiel aliment par faisceaux hertziens de ce qui deviendra TDF. Comme dans beaucoup
de pays, la tlvision pouvait s'tendre dans la bande UHF. L o en Amrique, cette
bande devait tre utilise pour des chanes mineures prives, en France, on dcida de
profiter de l'ouverture de cette bande pour basculer les chanes publiques du standard
819 lignes au standard europen en 625 lignes. Le monopole fut abandonn au profit d'un
oligopole de socits au capital plus rglement que le contenu et la rduction du
service public 2 chanes principales (compltes plus tard par Arte et la Sept). En
mme temps, une chane crypte page se faisait allouer les frquences libres
sur la bande VHF. Au dbut des annes 1980, le Japon lanait un nouveau rseau de
tldiffusion haute dfinition MUSE qui semblait prsenter une menace pour les
quipementiers et les fabricants de tlviseurs europens qui venaient de conqurir
le march amricain (Philips-Magnavox, Thomson-RCA). Les ingnieurs de ces socits
s'efforcrent de torpiller les initiatives japonaises en imaginant une introduction trs
lente de la TV HD par tapes successives (cran 16/9, D2Mac,...) qui avaient l'avantage
leurs yeux d'obliger la clientle un renouvellement rapide de leur parc. La
disponibilit de la technologie informatique leur permit d'introduire une confusion
supplmentaire, celle de la technologie numrique applique dj au
tlphone, de multiplexage temporel sur une
frquence. Cette stratgie de multiplication des canaux
au dpens de la TV-HD repousse aux calendes grecques obtint rapidement la faveur des
diffuseurs de programmes, et celle de nouveaux oprateurs de tlvision cble. Ne
aux tats-Unis o il n'y avait pas de monopole sur les tranches, cette formule se
dveloppa d'abord sous forme analogique (par multiplex de frquences) et fut
l'origine du plan cble franais. Technologies coaxiales en cuivre et fibre optique
pouvaient se dvelopper en parallle du moment que le cble supportait sous ces deux
formes une trentaine de programmes. Ce nombre dpassa la centaine lorsque le
multiplex numrique fut install sur les mmes cbles. Les espoirs mis sur le cble pour multiplexer la
tldiffusion avec des services interactifs n'ont pas t confirms. Des
services interactifs existent certes, tant sur le cble que sur le satellite, mais
l'oprabilit en est dfectueuse et l'espoir caress par les fabricants de
tlviseurs de concurrencer les ordinateurs domestiques que par les diffuseurs de leur
donner des services ajouts (tlachats, pages additionnels) sont donn des
rsultats peu convaincants. Doit-on en rendre responsable le systme lui-mme ou le
modle conomique sous-jacent ? Je ne saurais trancher, mais suis inclin imputer
l'chec au modle conomique. Domotique Il existe un protocole de rseau largement ignor par les informaticiens qui joue dans la vie courante un rle non ngligeable, dans la domotique. La numrotation par frquences vocales naquit, semble-t-il, dans les annes 1950 et russit avec la gnralisation des centraux tlphoniques supplanter la numrotation par impulsions dans les annes 1980, tout en coexistant encore avec celle-ci. Ce protocole pouvait se prolonger bien au del de la simple numrotation dans des quipements domotiques, dans des interrogations de bases de donnes. Ses limites en matire de dbit sont videntes, son utilit parce qu'elle rutilise le clavier du tlphone et mme des rseaux mobiles ne l'est pas moins. Une technologie identique a t utilise sur des rseaux locaux domestiques (ascenseurs, portiers automatiques). Le march de cette technologie du ct serveur est trs fragment et pas ncessairement optimal, mais il existe et depuis fort longtemps et continuera d'tre utilis pendant longtemps par suite de la fragmentation de ce march. On notera pour mmoire l'existence de rseaux locaux de communication radio: le rseau DECT numrique essentiellement utilis pour les combins mobiles fonctionnant en liaison avec un poste de donnes principal trs faible porte, le rseau Bluetooth rduit quelques stations ayant vocation l'interconnexion radio d'appareils individuels, et plus rcemment les rseaux WiFi dbit et porte plus important dont l'volution doit reprsenter un composant important de Internet. Tlcommunication avec mobiles Enfin, il existe un autre type de rseau o coexistent
informatique et tlcommunications, c'est celui des communications mobiles
essentiellement utiliss pour les communications tlphoniques. Aprs une exploitation
de communications analogiques, le GSM numrique a eut un succs retentissant dans tous
les pays du monde (des versions incompatibles du point de vue strictement rseau existent
aux USA et au Japon). Le taux d'quipement mondial approche le niveau des lignes fixes.
Son utilisation informatique, le WAP, sur PDA ou directement sur l'cran minuscule du
mobile a t un chec spectaculaire par suite de la spculation effrne qui a
rgn autour de 2000 sur les applications de l'Internet. L'essor spectaculaire du GSM
pour le transport de la voix venait d'une aspiration considrable de la demande
professionnelle, familiale et d'urgence qui attendait une offre un prix raisonnable. Les liaisons directes par satellites (essentiellement Inmarsat aujourd'hui) doivent aussi constituer un des lments pour une autonomie complte des mobiles l'gard des infrastructures fixes. La dbcle de Iridium et les interfrences des applications militaires semblent devoir retarder ce type de liaison au del de ce qui tait prvisible vers 1995.
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